Agenda de L'Ecran Réolais



24 février 2008

La mobilisation relayée lors des César...

A la remise du 2e César d'Honneur de sa carrière, Jeanne Moreau a pris la parole afin d'affirmer son inquiétude à l'égard de "mesures gouvernementales qui risquent d'affaiblir" le cinéma français.

La comédienne qui fêtait récemment ses 60 ans de carrière s'est fait l'écho de l'ensemble des festivals, cinémas de proximité, cinémas indépendants, ... en présentant les principaux points de la mobilisation en cours.

Baisses des subventions, attaques de la part de grands groupes privés, remise en cause de l'exception culturelle, frein à la créativité d'un art et d'une industrie que la France elle-même a mis sur pieds.

Mathieu Amalric, lauréat du César du Meilleur Acteur pour son rôle dans Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel, s'est manifesté au lendemain de la cérémonie pour protester contre la "censure" de laquelle il a été victime.

Ce dernier, absent pour cause de tournage, avait confié un texte à Antoine De Caunes, à lire au cas où il remporterait la distinction. Le cas échéant, quelle ne fut pas sa surprise en voyant que De Caune avait squizé la moitié de son message... Il a envoyé un mail aux Cahiers du Cinéma et à l'AFP avec, en pièce jointe, l'intégralité de son texte.

De Panama je t’envoie le texte que j’avais envoyé au dernier moment aux Césars au cas où. Et comme le cas où est arrivé, il a été lu, paraît-il très bien, par De Caunes mais.... pas jusqu’au bout.

Je n’en reviens pas. Je ne savais pas que c’était si simple que ça, la censure.

— -

Antoine, tu le lis avec hésitation et bafouillements

Oui bon ben... euh... alors là on frôle le n’importe quoi :

Lindon ; trois fois nommé, zéro compression
Darroussin ; deux fois... nada
Michel ; quatre fois comme acteur... résultat blanc

Et le pompon, Jean Pierre Marielle. Sept fois nommé !!! Et jamais la fève, même pas pour les Galettes.

Chapeau ! ... De Panama, d’où je vous fait un vrai faux-Bon...D.

L’autre vilain de Lonsdale aussi il paraît.

Enfin, mouais, mais... non ce qui fait plaisir, c’est que le Scaphandre, c’est bien la preuve qu’un acteur n’existe qu’à travers, qu’en regard de ses partenaires. Parce que qui voit-on à l’image, qui fait prendre vie au Jean-Do de fiction ?

C’est Chesnais, c’est Ecoffey, Arestrup, Watkins. Ce sont Marie-José, Olatz, Consigny penchées vers lui, vers moi, vers vous, tendres, drôles et attentives. C’est Marina en Vierge Marie, c’est Emmanuelle Seigner qui joue pas la Sainte et qui du coup donne corps, chair et souffrance à Bauby. Ta fille aussi, Emma qui carrément provoque le miracle. Et c’était Jean-Pierre Cassel, doublement.

Le Papillon c’est la preuve que, quand il y a un réalisateur, les techniciens sont des roseaux pensants. Que tout se mélange, que sur un plateau tout est dans tout, qu’on peut être, (ce joli mot), une équipe PAS technique... parce que franchement qui c’est l’Acteur quand c’est Berto, le caméraman qui fait, qui EST le regard. C’est LUI qui, par les mouvements de sa caméra crée les mouvements de la pensée de Jean-Do.

Oui, quand il y a un réalisateur... Julian.

Je pense fort à une autre équipe. Celle, médicale, de l’Hôpital Maritime de Berck-sur-Mer où on a tourné et où Bauby a passé un an et demi. Le vrai et le faux, la réalité et la fiction... on ne savait plus. D’ailleurs c’est drôle, je me souviens. Le décor de la chambre, pour avoir plus d’espace, était reconstituée dans une grande salle au rez de chaussée de l’Hôpital, la salle des fêtes. Avec au dessus de la porte, une enseigne en grosses lettres rouges : CINEMA.

Ça ne s’invente pas.

ET LÀ DE CAUNES S’ARRÊTE

Mais la salle de cinéma. Oui, la SALLE de cinéma, elle, doit pouvoir continuer à s’inventer.

"A lire à la lumière. Et à diriger sur notre nuit" Notre musique.

Insupportable "trompe l’œil" des multiplexes. Les chiffres comme seule ligne d’horizon. Aveuglement, brouillage, gavage, lavage. Et quelle solitude. Vous avez déjà parlé à quelqu’un dans un multiplexe ? Pas moi. D’ailleurs c’est impossible, ce qui compte c’est le flux. "Circulez s’il vous plaît, y’a rien à voir" . Au suivant ! bande de Brel.

Alors que le travail souterrain, patient, divers, dédié au public, aux écoles, aux rencontres que font et on envie de faire tellement d’exploitants de salle se voit de plus en plus nié aujourd’hui.

La Question humaine n’aurait par exemple jamais fait autant d’entrées sans le travail de curiosité des exploitants de province et de l’ACRIF.

Ce tissu de salles, que le monde entier nous envie, est notre cœur, nos poumons.

Sinon...

Sinon on va tous finir devant nos "home cinéma" à se tripoter la nouille...

Bons baisers de Panama...

Mathieu

Sources : lemonde.fr, cahiersducinema.com

13 février 2008

[Edito] Non, ce titre français n'est pas très très bon !

Stop !!! C'est de pire en pire : le titrage français des films étrangers que l'on savait déjà peu gaillard, décline de plus en plus... Non contents de déraper sur le respect de la propriété intellectuelle de l'auteur original, nos distributeurs affublent les œuvres de patronymes souvent longs et bien mal équilibrés...

Pour preuves 2 perles prises dans l'actualité ciné que sont les traductions de NO COUNTRY FOR OLD MEN des frères Coen (NON, CE PAYS N'EST PAS POUR LE VIEIL HOMME - on notera que le titre original a été maintenu sur l'affiche française, suivi de cette horreur lourde et mal accordée) et celle de BE KIND, REWIND de Michel Gondry (SOYEZ SYMPA, REMBOBINEZ - on remplace une expression régulière des videoclubs US par sa traduction pure et simple : est-il encore nécessaire de rappeler que traduire mot-à-mot une expression étrangère donne en général un résultat pauvre et lourdingue ? Traduisez donc "It's raining cats and dogs").

Que se passe-t-il donc dans la tête de nos distributeurs-importateurs lorsqu'un titre pareil sort de leur besace ? Il est vrai que les français sont réputés pour leur réticence aux langues étrangères, mais n'oublions pas que le cinéma reste avant tout un art, au même titre que la musique (il ne vous viendrait pas à l'idée de renommer le célèbre tube de George Benson "Give me the night" par "Donne-moi la nuit" ?), la photographie ou le théâtre, et que le titre des œuvres reste, d'une part, le choix de leurs auteurs, et d'autre, indissociable de l'œuvre elle-même (en théorie).

Citons le titre de l'avant-dernier film de Mike Nichols, CLOSER, rebaptisé juste avant sa sortie ENTRE ADULTES CONSENTANTS, puis finalement (de la même façon que NO COUNTRY FOR OLD MEN) conservé sur l'affiche : certes, ce titre français n'était pas déplorable, mais CLOSER veut littéralement dire "plus près" (au sens de la proximité humaine, et dans le contexte, amoureuse et/ou sexuelle) et adoptait une dimension plus suggestive que démonstrative, au même instant où ENTRE ADULTES CONSENTANT sous-entendait l'argument "on est des adultes, on fait c'qu'on veut avec nos p'tits corps". Moins fin...
Citons dans des registres différents MEIN FÜHRER (à venir) qui deviendra MON FÜHRER (quel intérêt ?), THE NIGHTMARE BEFORE CHRISTMAS (mot-à-mot "Le cauchemar d'avant Noël") qui devient L'ÉTRANGE NOËL DE MONSIEUR JACK, DEATH PROOF qui se change en BOULEVARD DE LA MORT, ...

Devant la déferlante de sorties, de noms et de thèmes adjacents, ne serait-il pas dans l'intérêt des promoteurs de films que de préserver une certaine originalité dans le titre des œuvres, qui reste la principale accroche pour le spectateur ? Sinon de conserver le titre original...

05 février 2008

Appel à la mobilisation des cinémas

De manière tout-à-fait exceptionnelle, le CinéRex fermera ses portes le vendredi 22 janvier, jour de la remises des Césars du Cinéma français.
Nous participons à une soirée nationale de mobilisation qui vise à dénoncer le désengagement progressif de l'Etat en matière d'action culturelle cinématographique.

LES FAITS

Vendredi 11 janvier 2008, au cinéma Saint-André-des-Arts à Paris, de très nombreuses structures professionnelles, associations, réalisateurs, acteurs, enseignants... étaient mobilisés pour demander aux pouvoirs publics le maintien des crédits des Directions Régionales des Affaires Culturelles destinés à l’action culturelle cinématographique. Christine Albanel, Ministre de la Culture, a assuré ces structures du maintien de l’enveloppe de 5 millions d’euros correspondant aux crédits “cinéma”. Mais l’ensemble des actions suscitées est financé également par d’autres lignes administratives (transmission des savoirs, pratique artistique, patrimoine, ...) qui sont soumises à de fortes baisses annoncées.

La proposition de l’enveloppe CNC attribuée à l’Agence pour le Développement Régionale du Cinéma pour le tirage des copies destinées à la petite exploitation est en baisse très significative, passant de 1750 à 1600 copies pour l’année.

Depuis quelques mois, plusieurs grands opérateurs de l’exploitation mènent une campagne juridique et médiatique à l’encontre de projets de cinéma à dominante culturelle, à l’initiative de cinémas municipaux ou privés. Le motif de ces attaques est celui de la concurrence déloyale. Ce discours discriminatoire à l’encontre d’une grande partie de l’exploitation est aujourd’hui abondamment relayé par la presse professionnelle ainsi que par la Fédération Nationale des Cinémas Français.

La mise en place de la diffusion numérique est imminente. Certaines modèles économiques proposés pénalisent la petite exploitation. Dans ce contexte de mutation, la solidarité entre tous les acteurs est indispensable.

LES PRINCIPES

Avec une production annuelle de 200 films, un parc de cinémas de plus de 2000 établissements répartis sur tout le territoire, et une fréquentation annuelle supérieure à 170 millions d'entrées, le cinéma français est perçu comme un modèle pour nos voisins européens.
Ce modèle repose sur quatre principes essentiels.
Le principe de l'exception culturelle qui légitime l'intervention des pouvoirs publics à tous les niveaux de la chaîne du cinéma, de la production à la diffusion.
Le principe de la solidarité entre tous les acteurs du secteur, à travers le système du fond de soutien à l'industrie cinématographique.
Le principe de la défense du cinéma comme outil culturel d'aménagement du territoire et de cohésion sociale, illustrée notamment par l'action de l'Agence pour le développement régional du cinéma (l'ADRC) et qui légitime l'action des collectivités territoriales.
Enfin le principe de l'éducation au cinéma et de la recherche de nouveaux talents.

UNE MOBILISATION ?

Face à ces principes fondamentaux, on tend à opposer celui de la libre concurrence. Au nom de la libre concurrence, on peut remettre en cause l’accès aux films des cinémas aidés, favoriser les multiplexes par rapport aux cinémas plus modestes vu leur capacité d'accueil, légitimer l'utilisation des cartes illimitées (qui font baisser de façon drastique le prix moyen du billet et donc l'argent rétribué aux ayant-droits ainsi que l'apport au fond de soutien) en négligeant les politiques tarifaires des salles de proximité qui visent à satisfaire à la fois le spectateur, le créateur et les intermédiaires (distributeur, producteur, ...), etc.

LES OBJECTIFS

Il s’agit d’alerter à la fois les pouvoirs publics, les élus locaux, la presse, le public et l’ensemble de la profession cinéma sur la nécessité de préserver les aides à l’action culturelle cinématographique tout en défendant les principes d’une politique volontariste pour le cinéma basée sur l’exception culturelle et l’aménagement du territoire.
Le développement culturel du cinéma en France est un pari politique avant tout, qui se doit d'être soutenu sinon promu par les collectivités locales (Mairies, Communautés de Communes en priorité).

Pour tout complément d’information
http://cinema-diversite-culturelle.blogspot.com/